• Les 8 Salopards de Quentin Tarantino (6 Janvier 2016)

     

    Les 8 salopards, 8ème film du célèbre Quentin Tarantino est sorti le 6 Janvier 2016 dans les salles françaises. Il s’agit d’un huit clos où l’on suit, initialement, deux chasseurs de primes. L’un, John Ruth ayant capturé une prisonnière, Daisy Domergue, qu’il veut livrer à la justice, et l’autre, le major Marquis Warren, un ancien soldat de l'Union devenu lui aussi chasseur de primes. Tous deux après une rencontre hasardeuse veulent se rendre dans la même ville pour toucher leurs primes. Ils rencontrent sur leur chemin Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Alors qu'ils sont surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans un relais de diligence où se trouvent déjà quatre autres personnes : Bob, qui s'occupe du relais en l'absence de la propriétaire, Oswaldo Mobray, le bourreau de Red Rock, le conducteur de troupeaux Joe Gage et le général confédéré Sanford Smithers. Coincés par la tempête, les huit voyageurs vont s'engager dans une série de tromperies et de trahisons.

    Après séance on ressort bouleversé par de nombreux rebondissements qui paraissent bien ficelés et font plaisir à voir. L’esthétique Tarantino est toujours bien présente, la violence exagérée, le racisme, des plans magnifiques etc. Néanmoins, avec le recul, plusieurs choses me chiffonnent. Attention la suite n’est que Spoiler !

    D’abord on comprend rapidement qu’un blizzard surgit et force nos protagonistes à trouver refuge dans une mercerie que le Major connait très bien. C’est dans cette endroit que va se passer toute l’intrigue et où, au fur et à mesure, on comprend qu’ils sont tombés dans un traquenard très bien organisé. Chaque personnage présent s’invente une personnalité alors que tous font partis de la même bande de malfrats ayant pour but de délivrer la prisonnière de John Ruth. On les voit ainsi mettre en route leur plan, plus tôt dans la journée, avant l’arrivée des deux chasseurs de primes. Pourtant à ce moment précis le blizzard n’a pas encore surgi ! Donc les deux chasseurs ne sont pas censés passer par cette auberge ?! Leur projet initial est d’aller directement en ville. Comment les bandits ont-ils pu alors deviner le blizzard et l’escale de leur complice ? Mettre au point un plan aussi précis sans certitude me parait compromis en toute logique.

    Ensuite le frère de la prisonnière reste caché au sous-sol une bonne partie du film pour créer un rebondissement. On le sait très proche de sa sœur et pourtant il décide de faire son apparition, à un moment où l’intrigue s’essouffle, de façon totalement illogique. Quelque temps auparavant on comprend que la vie de Domergue est en danger, notamment lorsque Ruth s’énerve contre elle à coups de coude, la menaçant sans relâche. Dès lors, pourquoi le coup de feu tiré par le frère de cette dernière ne survient-il pas plus tôt ? Ayant pour cible Ruth et non le Major ? Sachant que tous les autres personnages sont de mèche, il aurait était très simple de les abattre à ce moment ? Ou bien encore lorsque Ruth confisque les armes de tout ce beau monde ? 

    Bref, de très nombreuses issus favorables aux malfrats aurait été possible surtout lorsqu’on les caractérise comme étant des têtes pensantes aussi minutieuses. Cependant, je reconnais aisément le génie de Tarantino sur bien d’autres facettes de l’histoire. La première étant le décès de John Ruth, assassiner le personnage auquel on s’attache depuis le début comme étant le héros est tout bonnement jouissif. Tel Hitchcock dans Psychose on retrouve très facilement la fascination que Tarantino a pour son art.

    On salue également le talent des acteurs et principalement de Samuel L. Jackson lors de son monologue hardcore où il explique en détail comment il a humilié le petit homme blanc. Discours qui aurait très vite pu être ridicule venant de quelqu’un d’autre. On retrouve ici l’ambiance « drôle et décalée » présente dans Pulp Fiction qui manquait tant aux autres films de Tarantino. On apprécie grandement aussi la prestation de Walton Goggins (Mannix) présenté initialement comme un simplet très probablement menteur, mais qui s’avère juste et simplement intègre à des idées inculquées par son père. Le passage du semi-débile à l’homme d’honneur est tout simplement grandiose, nous prouvant une fois de plus le talent des acteurs, du réalisateur.

    En toute honnêteté j’ai pris en horreur ce cinéaste pour la violence purement gratuite qu’il a le don d’insérer dans ses œuvres. Mais ici, tout comme dans Pulp Fiction, le côté assumé de « l’humour noir » me semble justifier cette violence. Ce qui n’était absolument pas le cas dans l’horripilant Reservoir dogs, ou dans le passable Django. Longtemps je lui ai reproché de n’être qu’un pâle copieur de films bien plus intéressant (mais inconnu, ou trop vieux) sans prendre en compte que c’était, surement, avant tout, des hommages. Tarantino est un metteur en scène de talent mais un piètre scénariste. Cependant, ce film me réconcilie avec lui, malgré les incohérences monumentales qui me sautent aux yeux, on apprécie le divertissement et la volonté esthétique parfaitement maîtrisé.

    En définitif, toujours aussi violent mais plus facilement digeste grâce à l’humour assumé. Le scénario présente de grosses failles mais n’enlève que très peu au plaisir des rebondissements, tous plus appréciables les uns que les autres. Un bon moment, mais à ne surtout pas passer en famille. On souligne que le fond historique, l’après-guerre de sécession apporte une morale et un réel engagement de la part de Tarantino qui justifie également la violence et les conflits. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce film car il est réellement dense mais il est de bon augure que j’arrête les spoilers en attendant vos avis !  


  • Commentaires

    1
    Dimanche 31 Janvier 2016 à 10:35

    Je comprends très bien l'avis que tu portes sur Tarantino, cependant fait étrange, ce que tu lui reproches est plus ou moins ce qui me fait l'apprécier.

    En effet son goût pour la violence tend à rendre ses films plus esthétiques, et donc plus intéressant de la réalisation, quant à son attrait à référencer ses films aura fait que cela aura engendré chez moi le visionnage de certains films auxquels je n'aurais peut-être pas porté plus d'attention que cela, je pense en particulier à La Mariée était en Noir de Truffaut, ou Crime A Froid de Bo Arne Vibenius.

    Le cinéma étant un art il est par définition subjectif, et chacun ressentira donc une oeuvre différemment, et c'est ça qui est beau.

    Donc en conclusion: Vive le Cinéma !

    2
    Lundi 1er Février 2016 à 10:27

    C'est bien souvent le cas pour Tarantino, on aime ou on déteste mais pour les mêmes raisons. Mais effectivement je me modère en lui reconnaissant au moins le mérite de faire découvrir d'autres œuvres filmiques de bien meilleures qualités. Enfin comme tu le dis tout ça est subjectif et je suis la première à le souligner dans une rubrique de colonne ;) 

     

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    3
    Samedi 12 Mars 2016 à 11:52

    Bonjour,
    C'est la première fois que je voyais un western aussi atypique et j'ai bien aimé! cool
    Bon week-end. glasses

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