• Ce dernier film du célébrissime Jim Jarmusch est une vraie satisfaction pour les amateurs du genre « Jarmusch ». A l’image de Dead Man, avec Johnny Depp, on retrouve une esthétique lente et contemplative. On apprécie particulièrement l’état second dans lequel nous transporte ce nouveau chef-d’œuvre. Dans un contexte cinématographique où l’on trouve tout et n’importe quoi notamment au sein du cinéma fantastique, Jarmusch réussit à saisir l’essence même de se qui caractérise le vampire initiale. On a beaucoup entendu de critique sur les vampires depuis la sortie des très controversés Twilight cependant ils ont peut être le mérite d’avoir donné envie à de grands réalisateurs de transmettre leur vision du film vampirique. On connait les codes incombant à ce genre grâce à de merveilleux films tel qu’Entretien avec un vampire de Neil Jordan. Pourtant Jarmusch va, tout en conservant les « bases », innover avec brio.

    L’intrigue se déroule entre deux mondes, Tanger et Détroit, mais également entre deux amants Adam et Eve qui partage leurs sentiments depuis plusieurs siècles. Cependant leurs univers sont devenus chaotiques et très difficile à vivre pour leur nature « vampirique ». En effet, la difficulté pour trouver leur aliment de base (le sang) va déranger leur vie mais moins que leur rencontre avec la petite sœur d’Eve qui va s’avérer être à l’image d’une jeunesse dépravé.

    Il faut savoir qu’à aucun moment du film il n’est dit que nos protagonistes sont des vampires, tout est visuel et suggéré par leurs comportements. En effet, ils ne vivent que la nuit et dorment le jour ;  ils consomment des petits verres de sang qui les transportent dans un état second équivalent à la prise d’une drogue dure et ne manque pas d’avoir une attitude très nostalgique sur les siècles qui ont précédés celui-ci. L’esthétique extrêmement contemplative est donc le point fort du film et le coup de génie toujours signature du cinéaste. Cependant au-delà d’une esthétique à couper le souffle ce film est également une critique ouverte de la société.

    En effet, on note les prénoms de nos héros, Adam et Eve, qui ne semble clairement pas un choix anodin. A mon sens il faut y voir une référence à l’âge des personnages qui pourraient être l’incarnation de toute la connaissance du monde depuis sa création, mais également une référence à l’époque dans laquelle ils se trouvent actuellement (notre époque) qui pourrait être l’aube d’une nouvelle ère. Cette deuxième hypothèse est plutôt pessimiste lorsqu’on sait qu’Adam est un musicien underground suicidaire, et qu’Eve est une femme très énigmatique qu’on ne peut pas comprendre totalement. Pourtant malgré une qualité de vie qui n’arrête pas de se dégrader pour nos amants on peut voir une touche optimiste car ils finissent par trouver une solution lorsqu’ils sont au fond du trou, à savoir, le retour aux sources (tuer des humains pour survivre, retour à leur propre nature).

    En définitif, un film exaltant qu’on apprécie pour son esthétique et l’état dans lequel il nous plonge mais également pour la morale que chacun peut interpréter comme il l’entend (mais qui reste une critique de la décadente société actuelle à mon sens). Ce n’est pas un film familial, ni un divertissement. Ce film nous pose réellement en face du 7ème art dans toute sa splendeur et toutes les subtilités que cela impose à savoir une réelle réflexion.  Saluons également le jeu exceptionnel des acteurs qu’on a pourtant vu récemment dans des rôles bien moins glorieux, tel que Tom Hiddleston qui incarne le frère de Thor dans Avengers. Dans Only lovers left alive ce dernier révèle réellement tout son potentiel et fait honneur au cinéaste.


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